5. Un chien de tête

Au centre de la table, nous sont servis des Oeufs mimosas, présentés sur un plat ovale en faiences de Lunéville.

Au travers des fenêtres entres-ouvertes, le soleil au zénith éclaire, que dis-je, illumine de tous ses feux la spécialité cullinaire de Madame, de sorte que les jaunes d'oeufs, passés à la moulinette, fond une multitude de petites paillettes d'or étincelantes.

Quelques asperges , placées en bordure de plat agrémentent ce met délicieux. Un peu de persil, posé avec parcimonie, décore joliment ce met des plus simples. Humm, tout cela me semble parfait à condition d'y ajouter une bouteille de gris de pays de ma production, sortie à température du réfrigérateur.

Tout compte fait , on s'est régalé .

Cet après-midi, nous avons rendez-vous au club canin de Sommerviller avec notre Cléo.

On l'a prévenue maintes et maintes fois qu'à force de nous allonger les bras en tirant comme une malade sur la laisse, qu'elle irait faire un stage intensif au club canin.

Et bien ça n'a pas loupé. Maintenant c'est trop tard. Il fallait réfléchir avant, Pupuce.

Sabrina et moi descendons les escaliers qui mènent au sous-sol, Cléo, loin d'être sourde, nous entend et par voie de conséquence, s'imagine déjà au bout de sa laisse pour une promenade. J'ouvre la porte de sa pièce et là , comme à son habitude , commence à tourner tel un Dervish Turner autour de moi. Il m'est impossible de lui mettre sa laisse. Son poids est tel qu'elle vous bouscule sans peine et qu'à tout instant on risque de se retrouver par terre. Il n'y a qu'après une bonne engueulade que Mademoiselle se calme et daigne se laisser faire.

Houfff, après cette scéance de sport, nous partons enfin pour le club canin. Le cheval tire , souffle, ses griffes tentent de s'accrocher au bitûme. La langue est pendante sous tant d'efforts réalisés, les yeux lui sortent des orbites. Quelle idée de tirer pareillement. Et pour rien, en plus.

Je me demande si le croisement génétique n'a pas été fait plutôt avec un Husky sibérien, chien de traineau doté d'une grande énergie.

Les arrêts sont fréquents, là pour y déposer un petit pissou, là, pour renifler une merde de chien, là encore pour lécher un brin d'herbe, là encore pour dire bonjour à une personne inconnue qui passe, et là , là, là . Non, on arrête, Cléo, on va finir par être en retard au club.

Ah ben ça n'a pas loupé, empruntant le chemin qui jouxte le club, nous voyons au centre du terrain fraichement tondu, un groupe de personnes, les uns discutant entre eux, les autres s'affairant à calmer leur chien japant à tout va, voir à hurler le nom de leur chien venant de s'échapper de la surveillance de ceux-ci. Confidence pour confidence, cela nous rassure un peut et ne manquons pas d'en informer notre Cléo

" Tu vois, ils sont comme toi, ils écoutent aussi bien"

Nous passons sous le porche et pénéttrons dans l'enceinte du club. Le soleil est soudain caché par une rangée de peupliers pour le moins impressionnants par leur taille et leur diamètre. Se retrouver à l'ombre avec un peu de fraicheur nous fait du bien. Nous nous y arrétons quelques instants pour en profiter tant que le responsable du club n'est pas arrivé sur le terrain. Tout compte fait, nous ne sommes pas en retard.

Après quelques minutes de repos nous ayant permis de relaxer nos bras, peu de temps avant arrachés par notre percheron de chien, nous nous approchons discrétement du groupe de participants , peur de voir notre gaillarde faire le chahut.

Non, bien au contraire, voyant cette quantité d'autres chiens autour d'elle, Mademoiselle se tient à carreaux.

Enfin le responsable du club arrive. Notre Dédé national se met au centre du groupe. Un regard posé sur chacun des chiens lui donne la mesure du travail à réaliser, les exercices à faire, le taux de chiens semblant bien éduqués et les autres chez qui le travail à fournir va être sérieux.

Bon, d'accord Dédé, pour nous c'est pas gagné, c'est un fait. C'est pour celà que nous sommes là.

Nous commençons par des exercices d'échauffement. On tourne en rond autour d'un cercle fictif et  Dédé donne des ordres : "assis", couché, debout" tel l'adjudant chef de base . Ces ordres aboyés, d'un autre monde marchent extraordinairement bien auprès de nos compagnons à quatre pattes. Tous sauf une , notre Cléo.  Dédé voit bien son manège et son manque de participation. D'un pas décidé, il se dirige sur nous, fixant le regard du chien. Bizarrement pupuce Cléo fait moins la maligne . Aurait-elle compris qu'il va lui arriver des briquettes ?!!!

Le Dédé, c'est le patron, faut le savoir, et on rigole pas avec lui. La preuve en est que la Cléo passe un sale quart d'heure.

Je peux vous garantir, et c'est la vérité vraie, que notre chienne s'est rappelée toute sa vie du Dédé.

Toujours est-il que notre demoiselle est calmée et qu'elle écoute au doigt et à l'oeil, surtout à l'oeil car elle regarde d'un air mauvais ou engoissé le responsable là, toujours au centre et qui n'ésite pas , lui non plus, à lui jeter des regards foudroyants.

Puis viennent des exercices mettant en avant la complicité entre le maitre et son chien. Ces exercices , faciles à effectuer sur comme une sorte de parcours du combattant pour chien : passage d'obstacles tel que franchissement de mur, sauts, équilibre en cheminant sur une poutre, passage dans un tunel donc en libérant le chiendu maitre, bref un beau parcours montrant les aptitudes de chacun.

Après une petite réunion au centre du terrain pour donner à chacun les objectifs pour la fois prochaine, Dédé nous prouve tout simplement que si le chien commande, c'est que nous n'en sommes pas maitre.... c'est clair.

Alors,    un jour,    serons-nous       maitre         de notre chien de tête ???

A suivre ...... 

Comments

[sab]

On sait plutôt qui est la maîtresse d'hommes dans l'histoire.Quel phénomène cette Cléo,vraiment unique!