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21 octobre 2008

1. Capitaine Clyde

Planté comme un piquet, venu de nul part, immobile, je suis face à la mer, le vent me cinglant les joues et les oreilles, rendant mes lèvres sèches. Je passe ma langue sur celles-ci et y trouve ce goût du sel si caractéristique de ces régions océanes. Je contemple ce paysage merveilleux et sauvage qui s'étend d'Est en Ouest le long de ces falaises que l'érosion du temps et de la mer ont fragilisées comme une dentelle de Calais.

Je suis à l'extrémité de la pointe du Bihit. Tout proche de moi, à portée de main le phare des triagoz , imposante tour carrée de granit rose se dresse sur la roche de Guen-Bras , on y voit aussi l'ile Molène et l'ile Milliau . Mon regard fuit sur cette ligne d'horizon où l'on peut , par temps clair, y découvrir Roscoff et l'ile de Batz . Que de beautés s'offrent à moi en cet an de grâce 08.

Après bien des méditations , je reprends ce fameux chemin des douaniers, longeant les côtes bretonnes , rocailleux, semé de buissons épineux et de fougères pour redescendre sur Trébeurden, citée cotière des Côtes d'Armor.

Une bruine épaisse, dence, et prénétrante alourdi mes vétements et me transforme peu à peu en un gros chiffon mouillé dégoulinant de partout. Ce crachin anodin me pénétre le corps , des filets de pluie coulent le long de mes vétements et décide , afin de me réchauffer, de trouver un bistrot où m'abriter.

Je découvre une taverne ayant pour enseigne un sextant posé sur deux palmiers de cuivre . Une enseigne lumineuse un peu défraichie clignote faisant apparaitre La cabane bambou en vert sur fond jaune pâle. Celle-ci s'offre à moi plus par l'animation qui y règne et qui, loin d'être discrète, vous interpelle sur votre passage que par son enseigne désuette.

Les consommateurs sont pour la plupart des marinset parlent si fort que je demeure un instant immobile à la porte, trop surpris pour entrer. Je m'installe à une table ronde agrémentée de feux fauteuils en bambou des plus renversant quand soudain, un homme sorti d'une pièce latéral . Du premier regard, je fus sûr qu'il devait être le Capitaine Clyde. Il apparait devant moi, dantesque dans un costume pour le moins original. Il est vétu d'une houppelande ample et longue recouverte d'une cape qui déformait sa silhouette dans la lumière tamisée et fugitive de l'établissement. Un tricorne aux larges rebords repliés, agrémenté d'une plume d'autruche lui cache le visage.

Capitaine Clyde, son nom fait réver. Aventurier, voyageur invétéré, etnologue et bibliophile, il parcours la route des épices sans relâche, à la conquètes de nouveaux produits pouvant émoustiller nos sens et va, à travers le monde, à la quète  d'ouvrages anciens qu'il pourra exposer et vendre depuis sa vitrine .

Sa jambe gauche est coupée au niveau du genou et un manchon de bois lui sert de jambe de fortune. Sous l'épaule gauche, il porte une béquille qu'il manie avec dextérité en faisant des moulinets pour effrayer les gens sur son passage. Il est grand et fort, son regard est persant comme celui d'une buse.

Il doit son andhicape à un affrontement sans merci face au pirate légendaire des mers diu sud  "Lemalosaint " qui lui arracha la jambe gauche, emportée par un boulet de canon. Il défendit chèrement son bateau au péril de sa vie.

Ayant réussi à s'extirper des griffes de Lemalosaint, il conduisit son bateau "le Bonnie and Clyde" dans une crique cachée et protégée des courants de l'ile de la Tortue.

Il s'approche de moi , me dévisage de ses yeux perçants . Son rude visage durci, bruni et ridé au cours de ses longs voyages . Ses sourcils sont très noirs, longs et bougent avec vivacité ce qui lui donne un air non pas méchant mais vif et altier. Sa barbe noire, épaisse et bouclée laisse entrevoir une bouche aux lèvres délicates mais séchées par le sel.

"J'ai le meilleur des bateaux et le plus fin des équipages, il me manque un bosco , veux-tu faire parti du voyage" me susurre à l'oreille le Capitaine Clyde.

"Pas de problème, je suis partant. Je n'ai pour seul bagage ce baluchon. Je suis à vos ordres Capitaine" lui dis-je avec enthousiasme.

Nous sortimes de la taverne. Au cours de notre promenade sur le quai menant au "Bonnie and Clyde", il se révéla comme compagnon interressant, me parlant des différents bateaux amarrés en bordure de quai, de leur gréement , leur tonnage et des aventures auxquelles ils avaient participées. Il mélait ces explications d'anecdotes maritimes ou m'apprenait des expressions nautiques comme la 'pétole" fait de ne plus pouvoir avancer dans une mer sans vent et me les faisait répéter afin que je m'en imprègne rapidement.

Nous parvenons au "Bonnie and Clyde" à la nuit tombante . La bruine persistante faisait tomber le jour rapidement. Aussitôt à bord, un matelot, mince, élancé et à la longue chevelure rousse et bouclée, vêtu d'un pantalon blanc et d'un pull marin crême à bandes bleues, vint à ma rencontre pour me saluer.

Les présentations terminées, un plat rond de circonférence impressionnante présentant sur un dôme de glace pilée une quantité gigantesque d'huitres, coquillages et crustacés variés , décoré d'algues et de rondelles de citron dentelées, nous fut servi. Trois homards de belle taille sauce thermidor suivirent, arrosés d'une bouteille de chablis que l'on savoura un peu trop vite. Une deuxième, comme par miracle, arriva des airs bénie du dieux de la mer  Poseidon .

Enfin la marée se faisait sentir. Le clapotis des vagues sur la coque se faisait plus violent Le bateau commençait tout doucement à épouser les mouvements de la mer en éveil. Enfin nous allions partir à l'aventure sur les mers du globe.

A suivre ...   

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Commentaires
C
Je m'applique toujours un peu plus à apporter un maximum de détails. Je n'ai pas encore ces automatismes de regarder autours de moi et de noter le vent dans les arbres, les oiseaux, l'environnement,la gestuelle des gens pouvant m'apporter un plus et par conséquent étoffer ces quelques histoires écrites sans hâte certes mais malheureusement trop vite.<br /> J'ai fais part au Capitaine Clyde lui-même de la naissance de ce mini roman d'aventure mais ne m'a pas donné feu vert qu'en à la suite ....Il est trop débordé dans sa course autour du monde à chercher les meilleurs caps en fonction des meilleurs vents . A cette heure-ci il est empétolé grâve le Capitaine Clyde
S
Ton texte est merveilleusement bien écrit.<br /> C'est une belle invitation au voyage.
L
Après avoir lu celà, je me demande, alors, pourquoi tu ne veux pas venir chez nous...Entre l'hérault et la méditerranée.Puisque tu apprècies les flots!<br /> J'ai compris:<br /> C'est ma compagnie qui ne te plait pas!!Sniffff!!!!
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